Bordeaux devient, entre mai et juin 1940, pour la troisième fois de son histoire, la capitale de la France, et le lieu d’exode de plus de deux millions de civils, originaires de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Nord de la France, qui fuient les attaques des troupes nazis face à la déroute des Alliés.
Aristides de SOUSA MENDES, y est alors Consul général du Portugal, seul diplomate habilité à délivrer des visas pour le Portugal, unique voie pour fuir l’Europe et trouver refuge vers les Amériques.
Le « Consul de Bordeaux » est alors placé devant un douloureux dilemme. Le gouvernement fasciste dirigé par le dictateur Antonio de Oliveira SALAZAR a promulgué des instructions à tous ses diplomates afin d’interdire l’accès du Portugal aux réfugiés en provenance de tous les pays sous domination allemande, sauf autorisation stricte du Ministère des Affaires étrangères du Portugal, Salazar lui-même. Le diplomate doit-t-il se conformer aux ordres du dictateur et refuser de délivrer des visas, obéissant à son gouvernement, ou les accorder, suivant les impératifs de sa conscience, sans distinction d’origine, de race ou de religion, désobéissant, mais leur sauvant la vie ?
Le « Juste de Bordeaux » choisit de désobéir. Il accomplira selon l’historien Yehuda BAUER, la plus grande opération de sauvetage menée par un seul homme pendant l’Holocauste, sauvant plus de trente mille personnes dont dix mille juifs. Il décédera pourtant en 1954 abandonné de tous, dans le plus grand anonymat et dénuement, sa famille dispersée luttant pour faire reconnaître son action et sa mémoire.
Joao CORREA, né au Portugal, fuit le régime de Salazar en s’exilant à Bruxelles en 1963, où il devient cinéaste. Il nous décrit, dans un récit attachant, l’historique de son enquête en Europe et aux USA sur Aristides de SOUSA MENDES, et les raisons qui l’ont conduit à écrire le film de fiction Le Consul de Bordeaux.
Ce cinéaste porte sur le xxe siècle et ses terribles évènements un regard acéré, et nous rappelle que sans les nouvelles technologies, en particulier les cartes perforées – inventées pour le recensement américain –, le régime nazi, n’aurait pu mettre à exécution « l’industrie de la mort » dans un délai aussi bref. Il souligne ainsi que l’usage fait de tout outil dépend des valeurs humaines des hommes et femmes qui y ont accès.
Aristides de Sousa Mendes « Le Consul de Bordeaux » est dans un film de fiction actuel, moderne et émouvant sur le « Juste de 1940 » dont le courage, l’humanité, et l’histoire, restent un exemple pour la jeunesse du xxie siècle.